Le congrès de réunification des deux UNEF a eu lieu à Paris entre le 14 et le 17 décembre 2000. Nous saluons cette réunification syndicale qui constitue une étape importante dans le renforcement des capacités de lutte des étudiants. Selon le vieux dicton syndical, “l’union fait la force”. La nouvelle UNEF doit adopter un programme ferme et revendicatif contre la privatisation de l’université et contre la pénurie des moyens. Autrement, le potentiel militant de la nouvelle formation ne pourra pas être pleinement exploité.
A ce propos, il est regrettable que pendant les 12 derniers mois les directions de l’UNEF-ID et de l’UNEF n’aient pas impulsé la création de comités unitaires, dans chaque fac, chargés de discuter la préparation du congrès de réunification et les questions de programme. L’absence d’une démarche suffisamment mobilisatrice se reflète sur le plan électoral : lors des dernières élections au CNESER, la liste commune UNEF-ID/UNEF, avec 684 élus, n’atteint même pas le niveau de la seule UNEF-ID en 1998.
Les rencontres à répétition entre les élus du syndicat et Jack Lang ne suffiront manifestement pas. Lang a dit à plusieurs reprises qu’il ne fera pas tout de suite de nouvelles propositions. On comprendra qu’après le rejet massif de la politique d’Allègre et de ses méthodes anti-démocratiques, le nouveau ministre cherche à être très discret, dans l’espoir que rien ne bouge. Il n’empêche que la politique du gouvernement n’a pas changé sur le fond.
L’objectif, aujourd’hui, ne devrait pas être de pouvoir “négocier” sur la base des réformes proposées, puisqu’elles sont, dans le fond, des contre-réformes, mais de faire retirer tous les projets “d’ouverture au privé” entérinés par le gouvernement Jospin (Plan U3M, loi sur l’innovation, chartre pour les lycées, 3-5-8 etc.) La réunification des deux UNEF doit servir à mieux lutter contre ces graves dérives et à arracher de nouveaux droits. Dans l’UNEF comme dans l’UNEF-ID, on a le même problème, à savoir une direction qui n’a pas prouvé sa volonté de se battre jusqu’au bout pour défendre l’université publique. Au contraire, lors des grèves massives contre ces projets en 1998, notamment à Toulouse et dans le sud-ouest de la France, la direction nationale de l’UNEF-ID n’a pas soutenu le mouvement et voulait éviter à tous prix son extension à d’autres régions.
Depuis quelques années, beaucoup de militants, et même des sections entières, ont quitté l’UNEF en reprochant à sa direction une attitude passive et un manque de démocratie interne. On sait en outre que cette perte d’effectif est en train de se renforcer avec la réunification, vécue par beaucoup comme une annexion, de la part de la direction de l’UNEF-ID, de ce qui reste de l’UNEF. Bien que compréhensible, ce sentiment n’épuise pas la question. Rejoindre SUD ou d’autres groupements de l’extrême gauche étudiante serait se marginaliser par rapport au mouvement syndical étudiant et n’aiderait nullement à contrecarrer les dirigeants du syndicat majoritaire, s’ils tentent de freiner le mouvement étudiant. Les militants les plus conscients de l’UNEF-ID et de l’UNEF doivent se rassembler sur la base d’un programme combatif et présenter leurs idées au sein de la nouvelle UNEF pour effectuer un vrai changement de cap. Nous devons développer une démarche de solidarité et d’actions en commun avec les syndicats des salariés, puisque les acquis majeurs des étudiants ont été obtenus grâce au soutien du salariat.
Francesco Giliani